jeudi 20 décembre 2007

Détails du déchargement

Bonjour à tous,

Après 4 jours de pure folie, je décide de prendre le temps de vous écrire!

Donc, par où commencer ? Mon état peut-être.
Après avoir travaillé en moyenne 18 à 20 heures par jour, très fatigué évidemment, mais content du travail que j’ai accompli.
Nous sommes donc arrivés il y a 5 jours maintenant. Depuis, on ne fait que travailler, manger en vitesse, dormir si on sait et travailler.

Alain a confié des tâches à certains d’entre nous, la mienne étant d’organiser le dépôt du matériel qui se trouve à 5 km sur l’ice shelve, pas de chance. Pourquoi ? Parce que ça veut dire que je suis tout le temps dehors dans le vent et que si je veux rentrer pour manger, non seulement je ne sais pas ce que je vais retrouver quand je remonte mais en plus Alain me râle dessus parce que «ça prend du temps de manger au bateau».
En fait j’ai compris un des problèmes d’Alain : c’est un extra-terrestre qui ne mange et dort que rarement. C’est bien pour lui, le problème c’est qu’il attend la même chose de tout le monde.
Je veux bien travailler comme on le fait pour le moment, mais au moins manger à ma faim et quand j’en ai besoin.
Bref, la plupart des gens qui travaillent avec moi (tous des militaires) eux s’organisent pour rentrer quand ils en ont envie, que ce soit pour manger ou pour se reposer et n’en ont rien à faire de ce qu’Alain peut dire ! Donc je suis un peu pris de court.
Par conséquent, ayant vu passer le dernier des 105 containers vers 16h3O aujourd’hui, j’ai décidé de rentrer au bateau, faire une lessive, vous écrire un mail, manger et... dormir ! Ils se débrouilleront avec les 1000 barils de fuel qu’il reste à décharger.

Je suis content que le déchargement touche à sa fin et j’ai hâte de faire les 210 km qui nous séparent du base camp, j’espère que nous passerons Noël là-bas.

Sinon en quoi consiste mon boulot ?
Le matin à 8h30 je prends une moto-neige (bien amusant !) pour rejoindre le dépôt à 5 km du bateau.
Là j’attends le matériel qui arrive par tracteur, organise le placement du matériel et fais un plan (que je vais mettre au net après avoir fait ce mail d’ailleurs) qui reprend l’emplacement de chaque container, palette de bois et autres.
Le dépôt fait à peu près 400m de long sur 250m de large. Le travail continue en général jusque 2h du matin, une fois même jusqu’à 4H30 en ce qui me concerne et quelques heures après, ça recommence.
L’absence de pénombre et le travail presque continu dérèglent complètement l’horloge interne dont nous disposons. Il faut regarder sa montre continuellement pour savoir quel jour on est, même quel moment de la journée on est ; les après-midi ressemblent aux matins et vice-versa.
C’est très déroutant. Ceci dit, je n’en dors pas moins bien pour autant (évidemment avec ce qu’on travaille), je me demande ce que ce sera quand je dormirai dans une tente dans laquelle on ne peut pas occulter la lumière de la nuit. Car pour l’instant, nous dormons encore dans le confort du navire, ce soir très probablement pour la dernière fois d’ailleurs.
Je m’attendais à ce que ne soit pas une partie de plaisir, c’est donc confirmé.

Le paysage n’en reste cependant pas moins à couper le souffle ! Nous sommes dans une étroite et profonde baie prise par la glace depuis des décennies. Nous, nous sommes venus casser la vie paisible de cette glace de mer ancestrale, tout d’abord en la brisant sur un tiers de la baie, puis en la brassant sans cesse par le passage des tracteurs.
Avant-hier elle s’est d’ailleurs révoltée et a rejeté le bateau au large alors que nous travaillions. Trois petites heures plus tard, de nouvelles amarres étaient plantées et le brise-glace était de retour pour continuer le travail.
Les falaises de la baie sont à pic et font plus ou moins 40 m de haut, d’ailleurs, une fois à la fin de la glace de mer, une rampe artificielle permet de monter sur l’ice shelve. Cette rampe doit être constamment refaite vu le nombre de passage de tracteur qu’elle subit.
Une fois en haut, on se trouve dans un véritable désert blanc. La neige s’étend à perte de vue et dans toutes les directions, c’est très déroutant de se retrouver dans tant de ...blanc...

Le futur proche va être constitué de la fin du déchargement, qui sera probablement pour demain dans la journée, ensuite le bateau partira et nous devrons encore organiser ce qu’il faut prendre pour la traverse (ce qui durera deux jours probablement). Enfin, nous partirons et devrions arriver à Utsteinen 20 heures plus tard, si tout va bien. Avec un peu de chance, nous serons donc au camp de base pour le 24, du moins je l’espère vraiment. Il est donc possible que je ne donne plus de nouvelles avant le 24 ou le 25 décembre (vu qu’une fois le bateau parti il n’y aura plus d’e-mail).

Voilà ! Je vais aller voir si ma machine de linge est finie et faire tout sécher avant demain. Au fait, les sous-vêtements seront probablement à jeter, car n’ayant pas le temps de s’organiser pour faire des machines de couleur ou de blanc, j’ai tout mis ensemble. Au moins ce sera propre !

Plein de gros bisous à tous et un joyeux Noël !!!!!

Yvan

PS : Comme je vais partir, ne plus m’écrire de mail jusqu’à ce que j’écrive du base camp… Dommage, j’aime bien avoir des mails.

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