lundi 7 janvier 2008

La vie de tous les jours, impressions

Cher tous,

Pour répondre aux questions :

Combien de containers reste-t-il à acheminer ?
Il reste encore 74 containers à la côte et tout doit être ici pour le 10 février…

Et tes doigts ?
Et bien il y avait des risques d’avoir des engelures. Malgré mes précautions c’est chose faite. Dès les premiers symptômes j’ai été voir le docteur du coin qui a prescrit une crème, pour l’instant ça semble se stabiliser.

Ne t’endors-tu pas au volant sur de si longs trajets et le chemin est-il balisé ?
Pendant les traverses, il arrive effectivement qu’on s’endorme au volant des machines, surtout avec l’accumulation de fatigue. Heureusement il n’y a pas beaucoup d’arbres dans le chemin et les deux autres convois appellent à la radio si l'un d'entre nous dévie. Il ne faut pas qu’on s’endorme tous ensemble... Cela m'est arrivé à plusieurs reprises, parfois pendant facilement une minute, mais au réveil la machine ne s'était que peu détourné de la trajectoire.
Alain ne nous accompagne pas, il a bien d’autres choses en tête. Nous disposons de GPS avec un enregistrement du routage. Le balisage de piste n’a aucun sens vu qu’on on ne les voit pas lors des fréquents "white out" (lorsque le ciel et le sol ne font plus qu'un les sens sont mis à rude épreuve).

Pour les nouvelles du moment, dix personnes sont parties hier, remplacées par dix-sept autres, le camp de base sature !
L’arrivée du DC 3 sur Utsteinen était plus que magique, quel avion ! et dans quel environnement ! On lui avait préparé une jolie piste et il lui fallut peu de distance pour se poser.

Jusqu’à présent ce changement d’équipe n'est pas fort agréable, je me suis rendu compte hier soir que je m’entendais très bien avec ceux qui sont partis.

Comment se passe une journée?
6h45
J'enfile les vêtements de la veille, avant-veille, avant avant-veille etc. En fait, une fois trouvé la combinaison de couches idéale, facile à modifier quand il y a changement de température ou de vent, on la garde pour ne pas avoir de mauvaise surprise au cours de la journée. Il faut calculer les sous-vêtements pour terminer le séjour sans devoir faire de lessive. Ici, pas de machine à laver et comme l’eau n’est pas abondante, c’est tout un cinéma pour nettoyer trois chaussettes. J’ai fait le compte : il me reste approximativement un jeu de rechange par semaine, ce fut plus ou moins la moyenne jusqu’à présent, donc ça devrait aller.
Aujourd’hui, il a fallu complètement retravailler ma tente. Le sol a fini par fondre mais pas de manière uniforme. Le sommeil en devenait encore plus inconfortable. J’ai donc fabriqué une petite plate-forme en bois, enlevé ma tente, rajouté de la neige, mis la plate-forme et réinstallé ma tente. C’est beaucoup mieux, on verra comment je dormirai cette nuit.

7h00
Petit déjeuner, quelques cafés pour que la lumière filtre à travers les lourdes paupières, quatre à cinq tartines au chocolat, un bol de céréales accompagné de yaourt. La journée commence. Mon travail change un peu tous les jours.

Matinée
J’ai été récupérer du gravier tombé d’un sac, zéro émission oblige. La pierre étant sombre, cela provoque la fonte de la neige sur laquelle elle repose. Les morceaux avait regelé plusieurs fois, pris dans une couche de glace de 25 cm. Cela pris une bonne partie de la matinée.
Ensuite, j’ai été démonter les structures en bois protectrices de marchandises dans les containers afin de pouvoir tout sortir demain ou après demain. J’ai échafaudé un plan de gestion du matériel qui arrive ici. Cela permet également que les containers vides repartent sur les traverses (évitant de ce fait devoir effectuer des traverses de containers vides en fin de saison). Plan accepté par Monseigneur le « Grand Moufti » (Alain Hubert).
Cela consiste à disposer de deux zones :
- déchargement temporaire
- stockage
Quand les convois arrivent, on dépose les containers pleins dans une zone prévue à cet effet. Il faut ensuite charger les containers de la traverse précédente dont le contenu a été préalablement vidé. Ceux-ci sont entreposés dans une autre zone et répertoriés en fonction du type d’élément.

Midi
Le repas tant attendu. Tout aussi succulent que varié, deux assiettes au moins.

Après-midi
Cette après-midi je me suis occupé de ma tente (tâche élévée au rang prioritaire d'alerte 5 vu l’importance de bien dormir). Puis j’ai aidé à différentes tâches de rangement que nous effectuons pour le moment, vu que la construction des garages a touche pratiquement à sa fin.

Soir
Pour terminer, le repas du soir. Toujours préparé avec le même soin. Un petit verre de vin nous remonte le mercure, un mail ou deux, et dodo.

Il y a un manque cruel d’activités parallèles, tout tourne autour du travail et cela pèse à la longue. Nulle part où fuir rien qu'un instant, et avoir un moment à soi. L'ambiance reste uniformément identique.
Pas de vie privée, tout se fait en commun. C’est pourquoi je me suis senti particulièrement bien cette dernière traversée solitaire . Enfin un peu isolé, plus ou mois loin des autres. Je parvenais à me créer un environnement réconfortant et reposant, malgré l’intensité du travail que représente une traverse.

Nous avons eu aussi droit à une galette des rois, cocassement modifiée en fonction des circonstances : les galettes étaient au nombre de trois, toutes contenant une pierre du ridge. L’une donnait le titre de « janette », la deuxième de « base camp manager » et la troisième de « Grand Moufti », et ce pour 24 heures. A mon grand étonnement j’ai eu une des pierres, celle du base camp manager, titre que je n’ai pas vraiment utilisé d’ailleurs.
Par contre, le grand Moufti d’intérim a directement pris action et a offert une bière à tout le monde.

La bière .. toute une histoire même au bout du monde !
Ayant eu accès au container-frigo sur le bateau, nous savions que quelques-unes se cachaient parmi les caisses. Arrivés au camp de base, nous n’en avions pas vu la couleur, l’explication des responsables était qu’elles étaient réservées à nos amis luxembourgeois.
Quoi donc ? Notre sang n'a fait qu'un tour ! Il n'en fallait pas plus pour fomenter une mini-crise ! Nous sommes belges après tout ! Refuser une bière à un belge, c’est comme refuser une sucette à votre enfant ! Le geste de Jesko (Grand Moufti intérimaire) était donc fort et rassembleur.
Viva la revolucion !

Le froid fait dès à présent partie de nous. Personne ne s’en plaint, il est inévitable ! C’est le vent qui est le plus glacial. Sans courant d'air, la température (même par -10) est très supportable, parfois même agréable.

Voilà donc ce qui fera la conclusion de ce mail, je tombe à court de choses à écrire.

Tout plein de gros bisous à tous !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

y a t il des filles?? nous aurais tu oublié? ici nous avoir chaud, toi avoir froid c'est bête hein!!!!lol nous penserons à toi en buvant un autre verre de punch!! nous t'en gardons une petite gougoutte! rentre vite il chauffe!!
gros bisous de la france profonde(lussagnet-mormès)

VALERIE MARIE ET CIE..........