dimanche 3 février 2008

Escalade polaire

Bonjour!

Tout va bien. Je me rends compte qu'une semaine s'est déjà écoulée depuis mes dernières nouvelles !
Lorsque la traverse est rentrée, on s’est dépêché de décharger et recharger les containers, de tout sortir afin que les trois Prinoth puissent partir sur la traverse suivante, car le chantier avance vite. Bien que les éléments ne se soient encore jamais fait attendre, l’avance que nous avons sur le chantier s’amenuise fortement. Maintenant j’apporte le matériel presque directement sur le ridge, il n’y a plus de stock.

De retour à la tente mess, j’apprends que certains pilotes restent pour se reposer et que ... il va me falloir repartir en traverse. Ce qui en soi n’est pas très dérangeant, ça change les idées.
Mercredi matin me voilà donc parti pour une nouvelle équipée. Quatorze heures après, lors d’un ravitaillement, on admire notre premier coucher de soleil depuis deux mois, il est vingt-deux heures ! Il ne se couche toutefois pas très longtemps (2h30 tout au plus) et il fait toujours très clair. Les couleurs sont époustouflantes !
Arrivé à la Baie de la Couronne vers 23h45, j’ai bien envie de faire un record de temps pour le déchargement et le rechargement. En compagnie de Didier, chef de traverse, qui ne vit que pour la compétition, aucune difficulté de lui communiquer cette envie !
Nous sommes prêts trois heures après, record battu ! Dire qu’au début on mettait huit heures.

Trois heures du matin, on prend le temps de manger un bout pour repartir à quatre heures.
Je fais l’erreur de proposer à Didier de prendre le premier tour de conduite du convoi. Je lutte comme jamais auparavant il ne m'a fallut cette ténacité pour rester éveillé. Trois heures durant, je m’endormais au volant du monstre et des 30 tonnes de matériel et commençais à dévier. Heureusement les arbres sont inexistants sur le chemin ! Trois heures à s'endormir une minute ou deux, rectifier la trajectoire, succomber à nouveau. Ces traverses sont vraiment épuisantes.
Vu l’heure de départ de la Baie de la Couronne, on peut aussi battre le record de temps pour une traverse complète. A nouveau, Didier n’a pas à être convaincu. On pousse un peu les machines (les pauvres !!!), le mécano de la traverse hurle à la radio, on s’en fout ! Nous sommes de retour à Utsteinen à vingt heures, juste à temps pour le repas. On nous lance des regards éberlués. Ils sont habitués à voir le retour des traverses vers 23h30 ! Record de traverse battu donc en 35h45min !!

Content mais fatigué, je vais m’écrouler dans ma tente, j’ai mal aux bronches.
Le lendemain matin ne se lève pas sur un meilleur augure. Je ne me sens pas malade mais crache mes poumons comme un vieux fumeur, je me suis donc fait surprendre par la petite crève qui se baladait de l’un à l’autre depuis l’arrivée des Préfalux.
N’empêche que je tiens à tout décharger sur la journée, pour la même raison que la dernière fois et aussi parce que demain c’est dimanche et j’aimerais bien me la couler douce. Vers 18h30 c'est en ordre. Je ne me sens vraiment pas en forme, dommage car il fait tellement beau que ce serait l’occasion d’aller faire une randonnée demain !

Après une longue et bonne nuit, je me sens en pleine forme, j’ai fort mal aux bronches, mais ça va. Comme il avait vu que je me débrouillais en escalade, Benoît, le charpentier guide de montagne, m’avait depuis longtemps proposé d’aller faire la face ouest d’Utsteinen.
Jusqu’à présent l’occasion ne s’était pas encore présentée vu qu’il faut le faire le matin pour être au soleil, et un jour sans vent car cela nécessite chaussons d’escalade et mains nues. Ce dimanche matin est parfait, sauf pour mes bronches. Une occasion pareille ne se rate cependant pas !
On part donc vers 9h00 avec tout le matériel, il n’y a ici évidemment aucun piton déjà ancré dans la roche. Il faut ouvrir une voie et s’assurer aux coinceurs.
Arrivé sur la partie de la montagne surplombant le windscoop, la vue est magnifique, le vide aussi, même si je n’ai pas le vertige, je ne suis pas trop rassuré. Pendant la première cordée, Benoît part en tête et lorsqu’il veut placer un coinceur qui lui glisse des mains. Je le vois tomber, tomber, tomber et, heu, encore tomber. C’est haut...
Le passage qu’il vient d’ouvrir n’a vraiment pas l’air compliqué, même s'il passe sur une falaise d’une centaine de mètres. Je le sens bien, jusqu’à ce que je sois dedans ! Une fois en situation, je me demande vraiment comment Benoît à pu l’ouvrir, merde il a 52 ans en plus ! Ca passe, sans problème finalement, je suppose que le vide n’aide pas à dépasser ses limites. Les cordées suivantes pour arriver au sommet sont plus faciles et surtout moins exposées au vide, une vraie partie de plaisir !
Arrivée au sommet vers 11h30, vue splendide sur la station et le camp de base ! On ne reste pas longtemps en haut car on a tous les deux une faim de loup et on aimerait être au camp de base pour la bouffe de midi. Nous sommes de retour vers 12h30, parfait ! Sauf que l’exercice et l’air froid n’ont vraiment pas réussi à mes poumons.

Le reste de l’après-midi je me repose, écris ce mail et regarde les Japonais partir. Ah oui les Japs ! Pendant ma traverse, ils devaient venir terminer leur expédition chez nous et sont enfin arrivés.
On a en fait peu de contact avec eux. Discrets et réservés, on ne les voit pas souvent. Aujourd’hui, un avion est venu rapatrier cinq d’entres eux, les deux derniers partent avec un avion qui vient mardi.

Voilà pour les nouvelles. A mon avis mes plans pour aller à Durban tombent définitivement à l’eau car le vol entre ici et le Cap est retardé de deux jours, on n’aura donc plus que deux petites journées en Afrique du Sud avant le vol du 17 au soir.

Groooooooos bisous à tous !!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Yvan,
Fidèle lectrice de toutes les nouvelles de l'Antarctique (je suis la belle-soeur de Vincent) et fervente adepte des com's chez Benjamin, je m'étonne que tu trouves le temps et l'inspiration de "poster" chez Benjamin et pas sur ton blog... Dommage... On est friands de vos proses !!!
Bonne fin de séjour puisque le retour approche...
Caspale

Unknown a dit…

Yvan, c'est Ben (Antarctique/ex R.T.B.F.). Je cherche à te joindre très vite. Je n'ai plus ton gsm. Fonce.